Tandis qu'à leurs oeuvres perverses
Les hommes courent haletants,
Mars qui rit,malgré les averses
Prépare en secret le printemps.
Pour les petites pâquerettes
Sournoisement lorsque tout dort
Il repassé des collerettes
Et cisèle des boutons d'or
Dans le verger et dans la vigne,
Il s'en va furtif perruque
Avec une houppe de cygne,
Poudrer à frimas l’amandier.
La nature au lit se repose;
Lui descend au jardin désert
Et lace les boutons de rose
Dans leur corset de velours vert.
Tout en composant des solfèges
Qu'aux merles il siffle à mis voix,
Il sème aux près les perce-neige
Et les violettes aux bois.
Sur le cresson de la fontaine
Ou le cerf boit,l'oreille au guet
De sa main cachée il égrène
Les grelots d’argent du muguet
Sous l'herbe, pour que tu la cueillies,
Il met la fraise au teint vermeil,
Et te tresse un chapeau de feuilles
Pour te garantir du soleil.
Puis lorsque sa besogne est faite
Et que son règne va finir,
Au seuil d'avril tournant la tête
Il dit:( printemps tu peux venir!)
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