Rentrée littéraire : comment parler de 10 livres que vous n'avez pas encore lus
Même pas l'été, si peu de soleil et déjà l'annonce de la rentrée littéraire ? Oui puisque livres et programmes se pressent dès mai-juin dans les boîtes aux lettres des critiques. A quoi tient l'ordre de leurs lectures ? Couleur d'une couverture, rythme d'une première phrase, nom d'un auteur, conseil susurré d'un éditeur ? Allez savoir, mais avant toute immersion en profondeur, premiers échos sur dix livres dont on reparlera sûrement :
1. Le pavé Editeur l'an dernier du Naissance de Yann Moix (plus de 1100 pages), Grasset postule à nouveau au titre d'éditeur du pavé le plus long. L'objet du délit s'appelle Le Monstre, autofiction de plus de 1700 pages signée Serge Doubrovsky. Ce "tapuscrit originel inédit" datant des années 1970 est "un des ouvrages les plus extravagants publiés par Grasset", avertit l'éditeur. Avant d'ajouter : "son aspect torrentueux empêchait une publication classique". Collector sans doute, mais lisible ?
2. Le livre écrit au bicAvec son 23e roman intitulé Pétronille (comme la fille de l'apôtre Pierre), Amélie Nothomb, fidèle au poste et à Albin Michel, donnera mi-août le coup d'envoi de la rentrée littéraire. On ignore encore de quoi parle ce "livre où se mêlent le réel et l'imaginaire, inspiré par une grande amie", mais on sait - merci Livres Hebdo ! - qu'il a été écrit avec un "bic bleu". L'outil de travail fétiche de l'écrivain, "fossile absolu" (c'est elle qui le dit) sans "ordinateur ni portable".
3. Le biopicSigné Frédéric Beigbeder, Oona & Salinger (Grasset) conte un épisode méconnu de la vie de JD Salinger (1919-2010), l'auteur de L'attrape-coeur. Pitch : "en 1940 à New York, un écrivain débutant nommé Jerry Salinger, 21 ans, rencontre Oona O'Neill, 15 ans, fille du plus grand dramaturge américain (...) Début 1942, Salinger est appelé pour combattre en Europe et Oona part tenter sa chance à Hollywood. Ils ne se marièrent jamais et n'eurent aucun enfant." [La suite est connue : à l'écrivain misanthrope claquemuré dans le New Hampshire, Oona a préféré l'immense Charlie Chaplin, clown et cinéaste de génie. On la comprend. Ils eurent huit enfants]
Un casting d'Oona O'Neill en 1942 à Hollywood (© 2011 eOneill.tv and eOneill.com)
4. Le roman de la crise
La crise ? Elle est partout, mais semble absente de la rentrée littéraire ... sauf chez Olivier Adam. Dans Peine perdue (faut-il y voir un jeu de mots ?), le romancier passé chez Flammarion fait défiler dans une station de la Côte d'Azur, après "l'agression sauvage d'un jeune homme instable, gloire locale du football amateur", une galerie de 22 personnages, comme autant de facettes d'une France en crise. Les jurés Goncourt lui donneront-ils sa chance, après avoir éliminé en 2013 son précédent roman, Les lisières, dont la lecture permettait si bien de prendre le pouls du pays, neuf mois avant les élections ?
La crise ? Elle est partout, mais semble absente de la rentrée littéraire ... sauf chez Olivier Adam. Dans Peine perdue (faut-il y voir un jeu de mots ?), le romancier passé chez Flammarion fait défiler dans une station de la Côte d'Azur, après "l'agression sauvage d'un jeune homme instable, gloire locale du football amateur", une galerie de 22 personnages, comme autant de facettes d'une France en crise. Les jurés Goncourt lui donneront-ils sa chance, après avoir éliminé en 2013 son précédent roman, Les lisières, dont la lecture permettait si bien de prendre le pouls du pays, neuf mois avant les élections ?
5. Le roman de la rupture
Grand reporter au Monde, Vanessa Schneider publie Le jour où tu m'as quittée (Stock), histoire d'une jeune divorcée mère de deux enfants, abandonnée un jour d'été. Ces journalistes politiques témoins des pires coups tordus entre amis de l'UMP ou camarades du PS (liste non exhaustive) cacheraient-ils une âme tendre ?
Grand reporter au Monde, Vanessa Schneider publie Le jour où tu m'as quittée (Stock), histoire d'une jeune divorcée mère de deux enfants, abandonnée un jour d'été. Ces journalistes politiques témoins des pires coups tordus entre amis de l'UMP ou camarades du PS (liste non exhaustive) cacheraient-ils une âme tendre ?
6. Le roman noir du cinéma
Quiconque exerce ce métier stupide mérite tout ce qui lui arrive. Cette phrase d'Orson Welles sert de titre au prochain roman de Christophe Donner. L'écrivain s'intéresse au trio phare d'un "cinéma français qui voulait encore changer le monde" , dans les années 1970 : Jean-Pierre Rassam, Claude Berri et Maurice Pialat. Il raconte l'alcool coulant à flot et les "parties de poker, de sexe et de drogue" de ces "têtes brûlées". L'histoire finira mal, mais engendrera de beaux films.
Quiconque exerce ce métier stupide mérite tout ce qui lui arrive. Cette phrase d'Orson Welles sert de titre au prochain roman de Christophe Donner. L'écrivain s'intéresse au trio phare d'un "cinéma français qui voulait encore changer le monde" , dans les années 1970 : Jean-Pierre Rassam, Claude Berri et Maurice Pialat. Il raconte l'alcool coulant à flot et les "parties de poker, de sexe et de drogue" de ces "têtes brûlées". L'histoire finira mal, mais engendrera de beaux films.
7. L'hymne à ZidaneLa passion du foot (hélas...) ne s'arrête pas à la fin du Mondial. Gallimard publie fin aoûtChant furieux, un premier roman de Philippe Bordas. Le sujet ? Un photographe est contacté par un éditeur pour suivre jour et nuit, pendant trois mois, Zinedine Zidane "afin de réaliser un livre sur le champion alors en pleine gloire." Une connivence immédiate s'établit entre les deux hommes, tous deux issus des cités. Et le photographe raconte à un ami aveugle, comme une chanson de geste, "la figure solaire et mythique" du héros de la coupe du monde 1998.
8. L'Evangile selon Emmanuel Carrère
Très attendu, Le royaume, volumineux roman d'Emmanuel Carrère (POL, 640 pages), revient sur les débuts de la chrétienté. Il retrace comment deux hommes, Paul et Luc, ont transformé une "petite secte juive refermée autour de son prédicateur crucifié sous l'empereur Tibère" en une religion qui, en trois siècles, "a miné l'empire romain". [Notons que le thème de la désagrégation de l'empire romain avait réussi à Jérôme Ferrari puisqu'elle avait valu à son Sermon sur la chute de Rome le prix Goncourt 2012].
Très attendu, Le royaume, volumineux roman d'Emmanuel Carrère (POL, 640 pages), revient sur les débuts de la chrétienté. Il retrace comment deux hommes, Paul et Luc, ont transformé une "petite secte juive refermée autour de son prédicateur crucifié sous l'empereur Tibère" en une religion qui, en trois siècles, "a miné l'empire romain". [Notons que le thème de la désagrégation de l'empire romain avait réussi à Jérôme Ferrari puisqu'elle avait valu à son Sermon sur la chute de Rome le prix Goncourt 2012].
9. Les confessions d'une blonde
C'est aux éditions du Seuil qu'Adriana Karembeu publie son autobiographie, Je viens d'un pays qui n'existe plus. Gageons que l'histoire de la Tchécoslovaquie fracturée et plus encore les malheurs (père maltraitant) et bonheurs (un casting amateur l'a propulsée tout en haut de l'affiche) de la blonde slovaque aux jambes interminables vont passionner les animateurs de plateau télé.
C'est aux éditions du Seuil qu'Adriana Karembeu publie son autobiographie, Je viens d'un pays qui n'existe plus. Gageons que l'histoire de la Tchécoslovaquie fracturée et plus encore les malheurs (père maltraitant) et bonheurs (un casting amateur l'a propulsée tout en haut de l'affiche) de la blonde slovaque aux jambes interminables vont passionner les animateurs de plateau télé.
10. Le manuel de savoir-vivre
"J'étais devenu un spécialiste mondial de la sieste", proclame d'emblée Dany Laferièrre dans son essai à paraître début septembre (Grasset). Après cet excellent début, l'académicien enchaîne sur ses rêveries, Obama et l'histoire, ses premières amours, Salinger (encore !) et Borges. Il évoque surtout l'Art presque perdu de ne rien faire (titre de son livre), exercice difficile à maitriser tant il se heurte à l'hostilité générale.
"J'étais devenu un spécialiste mondial de la sieste", proclame d'emblée Dany Laferièrre dans son essai à paraître début septembre (Grasset). Après cet excellent début, l'académicien enchaîne sur ses rêveries, Obama et l'histoire, ses premières amours, Salinger (encore !) et Borges. Il évoque surtout l'Art presque perdu de ne rien faire (titre de son livre), exercice difficile à maitriser tant il se heurte à l'hostilité générale.
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